jeudi 19 mai 2016

Autre extrait


"L’année scolaire vient de se terminer. Dans 48 heures, ce sera le départ pour la France. Maman vérifie le trousseau, toutes les affaires sont identifiées à nos nom et prénom par les petites bandelettes cousues au revers des vêtements, nous sommes prêts au départ.
Le voyage se fait en avion, Air-France oblige. A l'aéroport d'Alger-Maison-Blanche, Michèle retrouve des copines et se joint à leur groupe. Je reste seul et suis très attentif aux consignes qui nous sont données. J’ai quand même un peu d’appréhension, je dois rester avec le groupe… Un appel est fait et nous montons dans un Bréguet deux ponts. C’est ma première colonie de vacances et mon premier voyage en avion. Nous nous asseyons dans le pont inférieur, réservé au fret, où des sièges ont été installés. Je suis sur l’avant, près d’un hublot. On attache nos ceintures et nos accompagnateurs nous distribuent des bonbons disposés sur un plateau. Il y a des chewing-gums Hollywood à la chlorophylle, très prisés des enfants, mais je les évite. Je n'aime pas cela. Mes parents m'ont tellement dit de ne pas mastiquer ce morceau de caoutchouc: "ton estomac travaille pour rien!". L’avion n’est pas des plus silencieux. Nous décollons, je m’endors.
La descente sur Marseille va me réveiller. Nous devons y faire escale. Il fait nuit. Avant de toucher le sol, je suis ébahi par les lumières qui balisent les côtés de la piste à distance régulière. Comme c'est beau! L’avion se pose et va se garer. Nous n'en bougeons pas. Nous restons dans nos sièges un long moment, puis c’est à nouveau le décollage et le départ pour Paris.
Tous les enfants sont rassemblés dans une immense salle de l'aéroport. Dans le brouhaha, on fait un nouvel appel. Je reconnais "Cabri", la monitrice qui s'occupe de nous au cours des sorties du jeudi à Alger. Cela me rassure. Michèle va rejoindre son groupe, elle vient m'embrasser et me dire au revoir. On m'appelle enfin. Je ne connais aucun des enfants qui m'accompagnent. C'est le départ pour la colo.
C'est la première fois que je quitte mes parents pour un aussi long séjour et pour vivre en collectivité. De plus Hussein-Dey me semble tellement éloigné de la région parisienne… Je suis un peu à l'étranger mais dans l'ensemble je suis content. Le voyage m'a paru long et très fatigant. J'ai beaucoup de difficulté à porter ma valise très pesante et encombrante et à m'organiser avec mes affaires. Dès l'installation dans la chambre-dortoir, je fais connaissance avec les futurs copains et je range mon linge dans l'armoire personnelle. Après la constitution des groupes, les activités traditionnelles de la colo vont commencer. Le cadre est très verdoyant et les promenades semblent être une activité récurrente. Dès la première marche en forêt, j'ai du mal à suivre le groupe et suis à la traîne. Malgré mes efforts et ma bonne volonté, je ne peux marcher plus rapidement et rejoindre les autres copains. Tout normalement, on va donc m'installer à l'infirmerie. Je suis en observation. Plusieurs jours vont s'écouler ainsi. Très rapidement, mes forces déclinent. Je dois faire des efforts insurmontables pour bouger. Je n'ai ni la force, ni même l'idée d'écrire à mes parents. Et puis un matin, essayant de me lever, je me sens très lourd, je gagne les toilettes en avançant avec de grandes difficultés. Mes pieds traînent au sol, dix centimètres tout au plus à chaque pas. J'avance en plaquant mes mains sur le mur pour tenter de progresser, je n’y arrive pas. Je me mets à quatre pattes. Je ne soutiens plus mon corps…
Les responsables de la colo prennent alors conscience de la gravité de la situation. Un médecin vient me rendre visite et je suis immédiatement hospitalisé."

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